PRUD’HOMME ET FONTAINE
Posté par romafe le 9 décembre 2010
Voici encore un primo-arrivant comme on dit qui va épouser une fille de la grande lignée des FONTAINE. Qui sont-ils ? Monsieur s’appelle PRUD’HOMME Jules. Il fait partie d’une troupe de théâtre, la troupe Colombat. C’est un acteur autrement dit et l’autre une demoiselle qui doit aimer le théâtre, FONTAINE Louise Marie Laurencine.
Jules est né le 8.janvier 1815 à Nancy. Il a 20ans et il est venu avec son père jouer des pièces à l’île Bourbon, rue de
la Boucherie à St-Denis, dans une salle qui a disparu pour laisser place aujourd’hui à l’école de l’Ancien Théâtre. On y trouve outre les Prud’homme (père et fils), mesdames Eléonore et Jerson LEMERY, GOBERT, SCRIVANECK, ANCILLON…
Asseyons-nous dans cette salle de théâtre pour écouter « La femme de l’avoué », un vaudeville ou « Les enfants d’Edouard », une tragédie de Casimir Delavigne dans laquelle le jeu des acteurs bouleverse le public. « … On a pleuré comme des veaux, avouait De Lescouble[1]. C’est bête de pleurer, mais que voulez-vous ? »
Le théâtre, rue Charles Gounod (carte postale collection, E. Boulogne)
Les mois passent et les difficultés financières de la troupe émergent. Ils ne sont tout simplement pas payés parfois. Début janvier 1836, « Colombat fait banqueroute et en conséquence les engagements des acteurs sont rompus. Les désaccords amènent Grandjean et sa femme, Périchon et la sienne à repartir pour
la France », note De Lescouble dans son journal à Ste-Suzanne.
Une nouvelle troupe s’organise avec ceux qui restent, dont les Prud’homme (Jules et son père Jean Nicolas). Vendredi 19 janvier 1836, De Lescouble écrit : « Aujourd’hui on a joué « Les deux divorcés » et « les Folies amoureuses ». Prud’homme père qui remplace Périchon a fait beaucoup rire dans la première de ces pièces. Il a fort bien imité le rôle de l’ivrogne. Du reste je crois qu’on finira par oublier Périchon ». Le théâtre a du mal à faire vivre ses acteurs, aussi De Lescouble écrit le jeudi 16 février « Lafite est parti pour Maurice à la fin de la semaine dernière dans l’intention de se faire engager là-bas avec Mlle Gobert ». Jeudi 23, dans le « Rossignol » Prud’homme fils a remplacé d’Ailler, son père.
Les années passent… Voilà près de vingt ans que les Prud’homme sont dans l’océan indien. Louise Marie Laurencine FONTAINE va-t-elle régulièrement au spectacle ou donne-t-elle un coup de main pour la préparation de chaque spectacle ? Son métier de modiste l’amène peut-être à confectionner quelque vêtement de mode pour les dames de la troupe. Quand on a dix-huit ans, n’est-on pas subjuguée par la verve de ces artistes ? On peut donc comprendre qu’elle fréquente Jules et qu’elle n’ait d’yeux que pour lui. Il lui fait une cour si pressante qu’elle ne peut lui résister. Leur premier enfant naît le 6 juillet 1841, prénommé Julia. Celle-ci sera l’arrière grand-mère de ma belle-mère. Quatre autres enfants vont naître avant qu’ils n’officialisent leur union et leur entente conjugale. Elle a plus de trente ans. Elle est née à St-Pierre le 17.4.1823, mais c’est à St-Denis le 22.6. 1854 qu’aura lieu la cérémonie de mariage. « A l’instant, les dits époux ont déclaré qu’il existe 5 enfants naturels non reconnus par le père, 3 du sexe masculin et 2 du sexe féminin qui sont le fruit de leurs œuvres… et qu’ils déclarent légitimer… » L’épouse déclare ne savoir signer, mais les témoins oui. Il s’agit de Marie François HUBI, commerçant domicilié rue de
la Boucherie, Philippe BONIOL, acteur installé rue
La Bourdonnais, Jean FERRANDO, propriétaire sis rue du grand Chemin et Pierre Joseph SAVOYAT, maréchal-ferrant habitant rue Saint-Joseph.
Nous sommes après l’abolition de l’esclavage et la vie économique insulaire est satisfaisante. Probable que la bourgeoisie fréquente plus le théâtre et ce n’est que bénéfice pour les artistes et leurs familles. On peut penser que cette période est exaltante à tous points de vue.
(Dictionnaire de la Réunion, A.Roussin)
[1] Jean-Baptiste Renoyal de Lescouble est surtout connu pour son « Journal » écrit entre 1815 et 1838. Il réalisa à la fin de sa vie les décors du théâtre de St-Denis.
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